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Se rappeler la mort pour enrichir chaque instant de la vie

La pensée de la mort a de quoi effrayer et suscite les plus profondes interrogations. La mort ressemble-t-elle à une flamme qui s’éteint, à une goutte d’eau qui se résorbe dans la terre sèche ? Mais si l’aventure ne s’arrête pas là, la mort n’est qu’un passage. Si, comme l’envisage le bouddhisme, notre conscience a vécu et vivra d’innombrables états d’existence, à l’approche de la mort il ne convient pas de se demander simplement si on va plus ou moins souffrir, mais comment se préparer à ce tournant décisif.

L’océan est composé de vagues, qui naissent, meurent, naissent, meurent. Selon Arnaud Desjardin, nous nous prenons pour ces vagues, limitées, mortelles, indépendantes. Les spiritualités nous invitent à reconnaître que nous ne sommes pas des vagues mais l’océan.

Dans tous les cas, mieux vaut passer les derniers mois ou les derniers instants de sa vie dans la sérénité plutôt que dans l’angoisse. À quoi bon se torturer à l’idée de laisser derrière soi ses proches et ses possessions et vivre dans la hantise de la destruction de son corps ? Il est désirable donc, à l’approche de la mort, d’adopter une attitude sereine, bienveillante, libre d’attachement. 

Il ne faut cependant pas attendre son dernier souffle pour s’y préparer, car l’instant n’est pas idéal pour songer à s’engager sur une voie spirituelle. C’est alors que l’on est sain de corps et d’esprit.

Dans tous les cas, il est utile de considérer la fragilité de la vie, l’impermanence et la mort pour donner tout son sens à notre existence, à chaque instant qui passe. Sinon, en oubliant que l’on va mourir nous risquons d’oublier que nous sommes en vie.

Comment faire face à la mort sans tourner le dos à la vie ? Comment y penser sans être désespéré ou effrayé ? Sans se couper de tout plaisir et de toute joie ? De fait, la manière dont on envisage la mort influence considérablement la qualité de la vie. Certains sont terrifiés, d’autres préfèrent l’ignorer, d’autres encore la contemplent pour mieux apprécier chaque instant qui passe et reconnaître ce qui vaut la peine d’être vécu. Elle leur sert de rappel pour aiguillonner leur diligence et éviter de dilapider leur temps en vaines distractions. Égaux devant l’obligation de lui faire face, chacun diffère quant à la manière de s’y préparer :

« Au départ, écrivait au xie siècle le sage tibétain Gampopa, il faut être poursuivi par la peur de la mort comme un cerf qui s’échappe d’un piège. À mi-chemin, il ne faut rien avoir à regretter, comme le paysan qui a travaillé son champ avec soin. À la fin, il faut être heureux comme quelqu’un qui a accompli une grande tâche. »

Mieux vaut en effet savoir tirer profit de l’effroi qu’elle inspire que de l’ignorer. Il ne s’agit pas de vivre dans la hantise de la mort, mais de rester conscient de la fragilité de l’existence, de sorte à ne pas négliger de donner toute sa valeur au temps qui nous reste à vivre. Bien souvent, la mort frappe sans prévenir : en excellente santé, on savoure un bon repas avec des amis face à un superbe paysage, et on est en train de vivre ses derniers instants. On laisse là ses proches, les conversations interrompues, les plats à moitié entamés, les projets inachevés.

Ne rien avoir à regretter ? Celui qui a tiré le maximum du potentiel extraordinaire que lui a offert la vie humaine, pourquoi serait-il rongé de regrets ? Qu’il y ait ou non des intempéries, le paysan qui a labouré, semé, veillé aux récoltes ne regrette rien : il a fait de son mieux. On ne peut se reprocher que ce que l’on a négligé. Celui qui a mis à profit chaque instant de sa vie pour devenir un être meilleur et contribuer au bonheur des autres peut légitimement mourir en paix.


Chaque année, le 13 septembre, la Journée Internationale du Legs met en lumière une forme de don méconnue mais puissante. Cette démarche, empreinte de solidarité et compassion, permet à chacun de léguer une partie ou la totalité de son patrimoine à des organismes sans but lucratif, comme Karuna-Shechen par le biais d’un testament.

Le legs permet de prolonger un engagement qui a été nourri tout au long de la vie, assurant ainsi que cette vision perdure au-delà de son existence. 

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