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Revoir un vieil ami

Une étude, récemment publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America (PNAS), a révélé que la sterne arctique, le plus grand migrateur du monde animal, parcourait 70 000 km par an lors de ses migrations entre le Groenland et l’Antarctique. Compte tenu du fait qu’une sterne arctique peut vivre jusqu’à 34 ans, l’ensemble de ces migrations représente trois fois l’aller-retour entre la terre et la lune. Cette nouvelle me rappela, qu’adolescent, j’étais passionné d’ornithologie et avais bagué quelques oiseaux dont l’un d’entre eux, une fauvette, fut retrouvé en Afrique du Sud.

C’est aussi à cette époque que je connus André Fatras, un amoureux inconditionnel de la nature sauvage et grand photographe animalier. Il venait de descendre la Loire sur un radeau avec sa jeune femme de 18 ans et un gamin de quelques mois, pour finalement s’échouer sur la plage devant la maison de mon oncle, le navigateur solitaire Jacques-Yves Le Toumelin. Nous sommes devenus rapidement de grands amis et c’est André qui m’a appris la photographie lors de fréquents séjours que je fis dans sa campagne de Sologne. André a parcouru le monde de l’Inde aux Galápagos en passant par l’Afrique. Il se fit débarquer sur la banquise au Spitzberg avec, parmi ses provisions, une roue de gruyère de 70 kilos, pour photographier les oies des neiges et autres espèces du Grand Nord. En Antarctique, il photographia son fils Benjamin déguisé en pingouin perdu au milieu d’un million de manchots empereurs.

André fit neuf voyages aux îles Kerguelen. L’histoire récente de ces îles est un bel exemple des dévastations causées par l’homme. La plus grande partie de ces îles a maintenant été envahie par les chats, les rats et les lapins introduits par l’homme, qui s’entre-dévorent après avoir entièrement éliminé la faune locale. Il reste toutefois un petit bout d’île, d’une vingtaine de kilomètres de long, protégé par une élévation enneigée que les prédateurs ne peuvent traverser. C’est là qu’André passa des mois dans une grotte de basalte, avec sa famille (une première dans l’histoire des Kerguelen), photographiant la faune d’origine dans toute sa richesse.

En Décembre dernier, par un beau jour d’hiver enneigé, nous avons eu la joie de nous retrouver–Dédé, Mati, Benjamin, l’ami Yves (photographe, entres autres, de papillons et de champignons) et moi-même, Mama, dit « Moule à gaufre »–dans leur maison de Sologne.

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