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La guerre au service de la paix ?

L’International Herald Tribune titrait à la une il y a quelques jours « Frapper durement les talibans pour favoriser les pourparlers de paix » *

L’article rapporte que de juin à septembre de cette année les pilotes américains ont lâché 2100 bombes lors des frappes aériennes visant les insurgés talibans, soit 50 pour cent de plus que durant la même période l’an dernier. Cette action, orchestrée par le général David Petraeus, est présentée comme une seconde voie vers la fin de la guerre, une démarche diplomatique initiée par les Etats-Unis et destinée à « inciter les talibans à faire la paix avec le gouvernement afghan ». En bref, faire la guerre pour faire la paix. Cela me rappelle un général de l’armée colombienne qui déclarait il y a quelques années : « Nous voulons la paix, mais la seule façon d’avoir la paix, c’est de détruire ceux qui ne la veulent pas »**

Or la paix n’est pas que l’absence de guerre, et une capitulation militaire ne contribuera pas naturellement à l’avènement d’une véritable paix. La paix est un processus dynamique consistant à mettre un terme à la haine. On peut difficilement imaginer qu’un redoublement des bombardements peut atténuer la haine. L’état d’esprit n’est pas à la réconciliation quand on est laminé par des bombes et que les siens sont tués en grand nombre. 

Le dialogue en revanche semble constituer la seule voie permettant d’aboutir à une solution acceptable pour les deux parties, et qui les conduise à déposer les armes. Aussi, tant que les causes profondes du ressentiment réciproque n’auront pas été examinées avec sincérité et qu’on ne se sera pas attaché à y apporter une réponse, tant qu’un désir partagé de faire la paix ne naîtra pas dans l’esprit des gens, la paix risquera de n’être qu’une accalmie dans l’œil du cyclone. Comme le dit souvent le Dalaï Lama : « Un désarmement extérieur doit commencer par un désarmement intérieur, la paix extérieure par la paix intérieure ».

* Dexter Filkins, International Herald Tribune, 16-17 octobre

** Général Jose Bonett, cité dans un programme de la BBC en 1998.