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L’éducation comme instrument du bien

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Si, en tant qu’animal social, nous avons le potentiel de commettre des atrocités, nous avons surtout, dès la petite enfance, une propension innée à la coopération et à un comportement altruiste. Les recherches montrent en effet qu’à l’âge d’un an, alors qu’ils commencent à peine à apprendre à marcher et à parler, les enfants manifestent déjà spontanément un comportement d’entraide et de coopération qui ne leur a pas été enseigné par des adultes. Cette qualité intrinsèque donne aux gens la capacité de contribuer de manière positive à la société et au monde. Nous devons également reconnaître et encourager la « banalité du bien », c’est-à-dire le fait que la plupart du temps la majorité des sept milliards d’êtres humains se comportent de manière décente les uns envers les autres.

Afin de réaliser leur potentiel de bienveillance, les individus devraient avoir la possibilité de développer leur capacité à faire le bien. Comme l’écrit David Brooks dans son article du New York Times,
Le pouvoir de l’altruisme
: « En basant les disciplines universitaires et les institutions sociales sur des suppositions égoïstes, nous passons la plupart du temps à côté de ce qui motive les gens. » Plutôt qu’un enseignement encourageant la compétition et le succès, nous devrions plutôt apprendre aux gens à développer leur potentiel d’altruisme. Comme le souligne Brooks, « il est temps de mettre en place des institutions qui exploitent le désir naturel des humains de faire le bien ».

Nous devons porter un nouveau regard sur le système éducatif, et le débarrasser des théories qui y sont enracinées, en posant des questions fondamentales telles que: « Qu’attend-on vraiment de l’éducation ? » Il serait plus important que l’éducation, en plus de former les individus à résoudre des problèmes et à aiguiser leur intelligence, leur apprenne à être de bons êtres humains. Une éducation de qualité implique de concevoir de nouveaux moyens efficaces d’atteindre cet objectif, et requiert d’inciter à enseigner des valeurs humaines fondamentales acceptées par tous, en plus d’exercer une conscience de soi, des autres et de la nature. Qui pourrait être contre la gentillesse, l’amitié, la confiance, l’honnêteté, la générosité, la compassion, l’authenticité et autres qualités similaires ? De toute façon, l’éducation ne peut être neutre, car les enfants vont certainement acquérir certaines valeurs par eux-mêmes. Alors, pourquoi ne pas les aider à adopter des comportements prosociaux plutôt que de les abandonner à l’influence des jeux vidéo violents, de la cupidité et du consumérisme sauvage ? Si nous les inspirons à développer un amour altruiste et à s’engager dans la coopération, nous sommes plus susceptibles de favoriser une société plus compatissante, plus ouverte et plus tolérante.

Les avantages d’enseigner aux gens à développer leur bonté intrinsèque et leurs qualités intérieures ne se limitent pas aux enfants, mais profitent également aux membres en marge de la société. Les femmes ont un grand potentiel de contribution positive, mais celui-ci est impacté par les nombreux défis auxquels elles font face. La violence domestique à leur égard par exemple, bien qu’elle ait diminué au fil des ans, est encore généralisée dans beaucoup de pays, tout comme le mariage des enfants, qui porte gravement atteinte à leur santé, à leur éducation et à leur bien-être. Inversement, une diminution significative de la mortalité infantile a été rapportée chez les mères ayant bénéficié ne serait-ce que d’une seule année de scolarité. De plus, dans de nombreux pays en voie de développement, les femmes doivent encore de nos jours assumer seules la responsabilité d’éduquer leurs enfants, les privant d’éducation et de vie professionnelle pour elles-mêmes, en particulier dans les zones rurales.

Sa Sainteté le Dalaï Lama en est convaincue: « Les femmes jouent un rôle crucial dans le développement de la sensibilité humaine, de la compassion et de la non-violence, qui font souvent défaut dans le monde d’aujourd’hui. » Afin de promouvoir une société plus juste et altruiste, nous devons donc aider les femmes, notamment dans les pays les plus défavorisés, à réaliser leur potentiel en leur offrant un accès à l’éducation, à la formation et aux opportunités économiques qui rompent le cycle de la pauvreté, pour leur permettre d’accomplir leur épanouissement personnel, développer leur estime d’elles-mêmes et devenir des agents de changement aux niveaux familial et sociétal.

En outre, apprendre aux gens à suivre leur tendance naturelle à la réciprocité et au service se traduit par plus de coopération et d’efficacité. Dans une société coopérative, les gens se font confiance et souhaitent consacrer du temps et des ressources aux autres, entretenant ainsi des relations harmonieuses à travers le cercle vertueux de la solidarité et de la réciprocité. Pour le philosophe et mathématicien Bertrand Russell, « la seule chose qui rachètera l’humanité, c’est la coopération. »

Maintenant plus que jamais, alors que le changement climatique et les problèmes qui en découlent sont devenus le principal défi du 21ème siècle, nous devons coopérer à l’échelle mondiale et faire preuve de considération pour les générations futures et pour les 8 millions d’autres espèces qui sont nos concitoyens dans ce monde. Nous devons adopter une approche progressive de la vie et nous comporter de manière à offrir un meilleur avenir à tous.

L’éducation peut jouer un rôle crucial en enseignant la coopération, la compassion, et en donnant aux gens les moyens de réaliser leur potentiel et de développer leurs qualités intrinsèques, pour nous permettre à tous d’en profiter. Comme le disait Aristophane: « Éduquer, ce n’est pas remplir un vase, c’est allumer une flamme ».

Faisons que cette flamme soit celle de la coopération et de la compassion !

Pour en savoir plus sur les programmes de Karuna-Shechen relatifs à l’éducation